Puisses-tu

                   Puisses-tu
                                                         
                                                                Sarah LAMARA





Hey toi ! Oui, toi !
N’es-tu pas lasse d’être leur proie ?
La proie favorite de ces voix
Elles qui te taraudent où que tu sois

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Et dont le volume monte en puissance
Quand ce qui t’entoure n’est plus que silence
Quand le monde extérieur se tait, dans la solitude tu t’enfonces
S’éveille, alors, ton univers intérieur qui prend la parole et s’élance

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Enfants, on nous racontait
Que les monstres existaient
Seulement dans les récits et contes de fées
Et qu’à la nuit tombée, ils surgissaient

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Adultes, on réalise à ses dépens
Que nous sommes l’hôte de ces mauvais démons
Et qu’ils n’attendent pas minuit, non, pour instiller insidieusement
En nous, tourments et ruminations

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Mais je veux que tu te réconcilies
Avec chaque coin et recoin de ton esprit
Car insipide serait cette vie
Sans ton petit grain de folie

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Et si ton corps est recouvert de cicatrices
N’y vois jamais les traces d’une blessure, les reliquats d’un supplice
Mais les signes de régénération de la matrice
Témoignant de la possibilité de guérir, quoi que tu subisses

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Et si tu sens que tu recules, que tu régresses
Puisses-tu y prendre de l’élan, pour que tu progresses
Après tout, ne tire-t-on pas une flèche en arrière sans cesse
Avant de la propulser, pour que sa cible, elle perce

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Et si c’est toi qui es brisée
Rappelle-toi, qu’à travers les fissures, la lumière peut ainsi filtrer
Et qu’un papillon pour émerger
Doit d’abord, le cocon de la chenille, fendiller

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Puisses-tu être telle une vague, obstinée et tenace
Continuellement repoussée par le rivage qui la chasse
Mais inlassablement de retour elle revient à la charge et efface
Tout sur son passage, pour qu’un nouveau parcours tu traces

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Puisses-tu être toujours sous de nouveaux cieux, tel un nuage
Lui, qui à son cheminement, n’admet point de barrage
En perpétuel renouvellement à chaque voyage
Et résistant avec courage à l’orage

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Puisses-tu être de celles et ceux qui tiennent à prodiguer
Aux autres ce dont ils ont toujours manqué
Etre un échantillon vivant de cette utopie dont tu rêvais
Pour qu’à ton réveil, ce ne soit pas qu’un songe mais une réalité
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Et si, en cours de route, tu égares des êtres chers
Sache que l’arbre est dépouillé de ses feuilles en hiver
Et que même ton ombre te quitte en absence de lumière
Seule mais fidèle à toi-même, tu te frayeras une voie même dans le désert

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Puisses-tu ne jamais t’attarder sur les obstacles et difficultés
Car, alors, tu perdrais de vue les objectifs que tu visais
Après tout, on ne se rappellera pas de la façon dont tu auras trébuché
Mais de comment gracieusement tu te seras redressée

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Puisses-tu ne jamais te laisser aigrir par la cruauté de la vie
Tel le fer rongé par la rouille sous l’action du temps, des intempéries
Et garder en toi vive, cette âme d’enfant qui sourit
Pour que jeune tu meurs, après une dizaine de décennies

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